Simone Lafleuriel Zakri

épigraphe
« L’histoire, ici, que je raconte est la mienne mais autrement. » Aragon, Le Fou d’Elsa

Le récit suit le texte du Traité des Simples d’Ibn Baytar dans la traduction faite au XIXe siècle par Lucien Leclerc, historien des sciences, de la médecine et de la pharmacopée arabes : traduction en trois tomes reprise en 1995, par l’Institut du Monde Arabe

premier jour d'amour
Hasifa ne devait jamais oublier ce premier jour de leur amour. Jamais et jamais, sans doute, non plus l’Africain ! Souvent aussi, beaucoup plus tard dans leur histoire, quand elle douterait de lui car elle resterait des jours et des mois sans nouvelles, Hasifa se reprocherait de ne pas s’être assez mise à sa place, d’avoir pensé surtout à sa douleur à elle et de ne pas avoir assez tenté d’imaginer ce qu’il vivait, lui, loin d’elle.

prémonition
Nous nous sauverons à la première alerte ! Mais où ? Vers Alep, peut-être, il veut y installer notre fils aîné, ou vers Beyrouth ou sur l’Euphrate, à Raqqa... Je ne sais de ces villes, quelle est celle qui sera épargnée, si elles sont épargnées ! Sais-tu que j’ai vu en rêve, juste avant que tu n’arrives à Damas, un lieu où j’étais seule, et en deuil.

herboriser
Nous savions y cueillir, au printemps mais encore en automne, le doronicum à fleur jaune, à tige velue, et à la si curieuse racine en queue de scorpion. Nous le connaissions déjà en l’Andalousie. Ce simple était, là, tout aussi abondant chez nous que sur les pentes du mont Liban où nous allions à la bonne saison. Notre départ à la rencontre de ce Doronicum improbable en Orient, nous le préparions avec une impatience non dissimulée.

de Damas à Venise
Ah le retrouver, oui, à Venise, lui qui, à Damas, l’attendait, toujours assis, près du bassin aux roses ! Elle le suivrait comme alors. Elle se blottirait contre lui et comme avant il la serrerait très fort contre lui. Ils ne penseraient plus à rien